Après 40 années d’expérience dans le domaine cosmétique et plus particulièrement en biologie cutanée, je m’extasie encore devant le potentiel grandissant du kératinocyte dans l’épiderme de la peau !
On sait de longue date que le kératinocyte joue un rôle fondamental dans la construction de la fonction barrière de la peau. Il permet entre autres l’élaboration, en phase terminale de la différenciation, de « cornéocytes » ou cellules anucléés possédant une membrane hautement résistante qui participent à la formation du stratum corneum, lequel joue un rôle majeur dans la protection de notre organisme contre les agressions externes et les déperditions en fluide. Plus récemment, on montre que ce kératinocyte, en communiquant avec le microbiome, est impliqué, via son récepteur AHR, dans le maintien de l’homéostasie cutanée.
Le kératinocyte contribue également à la pigmentation de notre peau organisant la répartition des pigments de mélanine via les mélanosomes au sein de l’épiderme. On découvre aussi que le kératinocyte est capable de sécréter des cytokines en réaction à un stimuli et possède de nombreux récepteurs à sa surface (AHR, TLR, ….) faisant de lui un cellule active dans la réaction inflammatoire de la peau mais également un activateur du système immunitaire (activation du LyT par des médiateurs pro-inflammatoires dans le psoriasis) .
Mais le kératinocyte n’est pas qu’un élément constitutif d’une barrière de protection de l’organisme. Cette cellule non neuronale constitue également un véritable capteur sensoriel, via des récepteurs, capable de répondre à des stimulations physiques et chimiques issues de son environnement et d’y répondre en émettant des signaux chimiques (médiateurs neuronaux) en direction des neurones sensoriels adjacents dont certains ont leur terminaison nerveuse dans l’épiderme. Ainsi, le kératinocyte n’est pas qu’un simple support physique à la fibre nerveuse au sein de l’épiderme, comme cela a été longtemps imaginé, mais Il joue le rôle d’une véritable cellule sensorielle notamment dans la notion du toucher et de la douleur et contribue ainsi largement aux échanges neurosensoriels de la peau. Beaucoup plus récemment, on démontre que ce kératinocyte possèderait à sa surface une véritable structure synaptique, au même titre qu’une cellule neuronale!
Incroyable tout ce que peut faire cette simple cellule de l’épiderme, non ? Que va-t-on encore découvrir demain ? Car le kératinocyte n’a probablement pas encore dit son dernier mot !
Et si le cerveau n’était pas là où on pense !